Il me faut souvent du temps pour concevoir un projet : comprendre un lieu, son environnement, la relation avec les clients, les idées d’aménagements.

Ici tout semblait assez évident. En voyant le jardin et son prolongement vers la mer, j’ai eu l’envie de créer le lien entre le jardin et cette vue de Normandie. Des formes arrondies et des feuillages luxuriants, coriaces et verts profonds viennent créer une assise à cette incroyable maison, et semble surgir et répondre au sous-bois qui l’entoure.

Lorsqu’on se rapproche de la mer, le jardin devient plus herbacé, plus sauvage. Des roches calcaires émergent du sol et rappelle les falaises que l’on imagine au loin. Entre deux d’entre elles, un escalier de jardin invite à grimper vers la maison.

Les clients souhaitaient pouvoir s’installer au soleil dans leur jardin. L’orientation et les arbres alentours nous ont contraints à créer deux terrasses à différents endroits. Elles sont reliées par des cheminements en pas japonais du même matériau.

Céline – elle-même paysagiste conceptrice – a dessiné toute l’entrée de son jardin. Après quelques échanges, elle décide de me faire confiance pour la réalisation de son projet où devront se mêler matériaux de récupération, matériaux naturels et quelques créations sur mesure.

Le parking est en briques de récupération, enlevées sur un vieux bâtiment de ferme à deux pas du chantier, poncées une à une, puis installées selon un calepinage aléatoire. Il est surmonté d’une structure en douglas qui se couvrira peu à peu de plantes grimpantes.

Un long portail coulissant en acier reprend les codes de la clôture avec le même effet de claustra bois et un portillon est dissimulé un peu plus loin le long du trottoir.

Les bordures des massifs en poutres issues des travaux de démolition de la maison, l’allée en pavés grés avec joints enherbés, quelques potagers en traverses et enfin des plantes comestibles réparties un peu partout dans le jardin.

Au bout de quelques semaines, le jardin semble être ainsi depuis longtemps, sans avoir vécu de transformation. Céline l’entretient de manière extensive, naturaliste, et la nature retrouve vite ses droits dans cet espace d’accueil.

Dans 270 m², il semble parfois difficile de répondre à toutes ses envies. Pourtant ici, le jardin semble s’être agrandi et répondre au cahier des charges : un espace central enherbé dessert trois lieux bien identifiés.

Le premier espace est un jardin comestible, où toutes les plantes offrent un petit quelque chose aux invités qui le traversent : quelques carrés potagers, des herbes aromatiques et fruits rouges et enfin des fruitiers nains encadrent une allée qui mènent du portillon à la petite terrasse du matin, orientée à l’est.

Talus, cachettes et cabanes composent le second espace dédié aux plus petits. C’est le moins visible depuis l’intérieur de la maison, et des plantes viennent créer un écran devant afin de leur laisser l’intimité nécessaire à la création de leur monde imaginaire.

Enfin, un jardin d’inspiration asiatique prend l’espace principal au sud. Un petit bassin d’où s’écoule le bruit de l’eau, des plantes aux feuillages exotiques, et une table de 4 m faisant le pont entre une terrasse en pierre bleue et un patio en bois surélevé. D’un côté, on s’assoit sur une chaise, de l’autre on s’installe en tailleur pour prendre le thé.